Parkinson et pesticides
Le développement de la maladie de Parkinson résulte d’une interaction entre une susceptibilité génétique individuelle et des facteurs environnementaux. Depuis près de 40 ans, la recherche documente l’association entre l’exposition aux pesticides et le développement de la maladie, particulièrement chez les agriculteurs.
1ère victoire en mars 2021, le gouvernement du Québec reconnait enfin la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle, il reconnait donc le préjudice causé aux personnes exposées aux pesticides qui ont développé la maladie de Parkinson.
Le gouvernement pourrait porter plus loin encore sa solidarité envers celles et ceux qui, parfois au détriment de leur santé, nous nourrissent et entretiennent notre terre. À l’instar de la France, il pourrait développer un fonds d’indemnisation pour l’ensemble des victimes qui n’ont pas cotisé à un régime de protection, faute d’information sur la dangerosité de ces produits.
Aujourd’hui, 25 000 personnes vivent avec la maladie de Parkinson au Québec. Dans une étude publiée dans le Journal of Parkinson’s Disease, les chercheurs annoncent qu’elle pourrait affecter de 12 à 17 millions de personnes à travers le monde d’ici 2040 contre déjà 6,2 millions aujourd’hui.
De 2000 à 2019, pas moins de 8 méta-analyses ont conclu que l’exposition aux pesticides double quasiment le risque de développer la maladie de Parkinson.
L’exposition professionnelle double à triple le risque de développer la maladie. Au Québec, les applicateurs de pesticides et les producteurs céréaliers sont particulièrement à risque. Les équipements de protection individuels, s’ils sont efficaces contre les réactions aiguës, ne limitent pas le risque de maladie.
Les agriculteurs ne sont pas les seuls concernés. L’exposition à l’intérieur du domicile est parfois supérieure à l’exposition professionnelle, mais elle n’est contrôlée par aucune réglementation. Trente jours d’exposition à vie à des herbicides à l’intérieur de la maison multiplient le risque par 1.7. L’exposition résidentielle, dans les 500 mètres d’un lieu d’application d’une association de roténone, manèbe, et de zirame, double presque ce risque.
Les enfants sont particulièrement à risque
Les expositions aux pesticides pendant les phases de neurodéveloppement (fœtus, enfance et adolescence) contribuent au développement de la maladie de Parkinson en endommageant le système dopaminergique et en augmentant sa sensibilité aux expositions ultérieures. L’exposition pendant l’enfance multiplie jusqu’à 6 fois le risque de développer la maladie de Parkinson.
La maladie de Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle en France depuis 2012 et en Suède depuis 2017. Le Québec est devenu le 3e territoire à appliquer cette reconnaissance. C’est une belle victoire, mais le combat ne s’arrête pas là.
Les pesticides à base de glyphosate
Les pesticides à base de glyphosate, dont le Roundup, sont les plus vendus au monde et au Québec. Ils sont devenus le symbole de notre dépendance aux pesticides. Plus loin que le glyphosate, c’est notre dépendance aux pesticides tout entière que nous condamnons.
L’urgence d’agir est là, autant pour nos agriculteurs que pour la biodiversité.
Depuis 1992, le gouvernement québécois vise une réduction de l’usage des pesticides et de leurs impacts sans pour autant mettre en place les actions nécessaires pour y arriver. Trente ans plus tard, face aux échecs successifs et après l’évidence des solutions simples, efficaces et peu coûteuses qui ont fait consensus lors de la commission parlementaire sur les pesticides de 2019, il est temps de passer à l’action.